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DSquared2: Après nous avoir fait entrer dans un pénitencier en janvier dernier, les jumeaux canadiens Dean et Dan Caten nous ont fait entrer cette fois-ci dans un atelier de peintre dans un loft new yorkais époque Pop Art, inspirés par Andy Wharol et sa Factory. La sono crache un remix du tube de Lou Reed Walk on the wild side et les mannequins, dont les blousons sont ornés de chats ou de singes stylisés ou de taches de peinture, marchent hardiment vers le succès, pantalon en coton ou jean à mi-mollet et grosses tennis à semelles compensées aux pieds. Les couleurs claquent - du rose girly, du jaune bouton d'or, du vert anglais et du blanc -, les blousons sont courts, en nylon et très années 80 (pin's au revers compris), et les shorts et maillots de bain mettent en valeur musculature et bronzage. Selon leurs créateurs, ces artistes en herbe voient leurs «idées ricocher des cadres sur des toiles en soie, des murs sur leurs vêtements», d'où des imprimés proches de l'univers de Keith Haring. Bref, de la pop, du pep's, de la testostérone: un bel été en perspective!
Giorgio Armani: Rien d'aussi sexy chez Armani mais du chic, de la classe, du classique intemporel, de belles matières et des mannequins enfin post-pubères. Pas étonnant que la collection s'intitule «échos d'Armani»: elle reprend tous les basiques de la marque en les vivifiant. Mais ces «échos», ce sont également toutes ces copies, ces petites soeurs, ces petites graines que le créateur milanais a fait fleurir dans le monde depuis 40 ans - il fêtera ses 80 ans dans moins d'un mois -, à tel point que son style est devenu une sorte de nom commun: «tiens, on dirait du Armani». Pantalons larges à pinces, à grandes poches et en lin qui tendent vers le sarouel, beaucoup de bleu, de beige et de gris, des cardigans confortables à larges rayures, des chemises en soie à rayures verticales qui s'ouvrent sur la poitrine... Aux pieds, des sandales ou des derbies, à la main, de larges chapeaux et sur le nez, de petites lunettes fines d'intellectuel qui aurait fait un peu de «muscu».
Roberto Cavalli: Imprimés python ou léopard, pantalons ayant l'air d'avoir été taillés dans la jungle, débardeurs pailletés, colliers tribaux et foulards au cou, des étoles multicolores servant de ceintures... L'univers de Roberto Cavalli est, on le savait, dans l'extravagance et le «trop», mais cette fois-ci, il faut l'avouer, les tenues présentées avaient une cohérence dans la recherche d'une certaine discrétion - les mannequins se cachant tous derrière des lunettes de soleil d'aviateur -, dans un exotisme qui se voulait cadré. D'où pas mal de blanc et des coupes nettes, et une collection bien accueillie, notamment par les musiciens du groupe rock Aerosmith, le chanteur Steven Tyler et le guitariste John Terry, présents au défilé avant de se produire sur scène à Milan jeudi.
Les autres défilés de la semaine de la mode hommes à Milan
Emporio Armani:
«L'équilibre entre expérimentation et rigueur, typique du style Emporio Armani, donne vie à une collection fortement urbaine, où les formes architecturales d'avant-garde (le nom de la collection) se transforment en graphisme pur, de lignes et de couleurs», explique le styliste italien.
D'où un maximum de motifs géométriques taillés au laser, des rayures et du noir et blanc dans toutes leurs nuances, et des tissus naturels - laine, coton et soie. Décontractés, les mannequins portent les vestes à la main, et les shorts longs, ceinturés à la taille, sont associés à des chemises amples en soie. Au pied, des sneakers, très sport.
Gucci: L'homme Gucci a deux facettes, l'une «excentrique, bohémienne, à l'esprit libre», d'où des pantalons de «pirates» à rayures horizontales, et l'autre, «très jet-set, élégante et passionnée par les sports aristocratiques», d'où une série de tenues que ne renieraient pas les membres du Yacht-Club de Monaco ou les élégants en balade à Capri, avec beaucoup de rouge vif, du bleu marine et du blanc, et des pulls à grosses côtes type loup de mer. Le pantalon se porte slim et au dessus des chevilles ou carrément à revers, sur des mocassins, et le yachtman porte sur son dos un gros sac de marin ou une grande besace, mais en cuir blanc s'il vous plaît, et avec des bandoulières forcément à rayures.
Etro: Inspiré par le thème de l'Exposition universelle de Milan en 2015 et qui s'intitulera «Nourrir la planète, énergie pour la vie», ainsi que par les tableaux «végétaux» d'Arcimboldo au XVIe siècle, Kean Etro, partisan du mouvement «Slow Food», a voulu rendre hommage à la grande tradition culinaire italienne. Chemises et pantalons sont entièrement faits d'imprimés représentant des assiettes, des fruits, des piles de crustacés, du risotto alla milanese, et même des palourdes (les fameuses «vongole»). Les couleurs majoritaires des vêtements reprennent celles des aliments de base de la cuisine de la Botte: le jaune de la pasta, le rouge de la sauce tomate, mais également du rose bonbon et du bleu «azzurro», pour une collection pleine d'énergie et de créativité.
Dirk Bikkembergs: Partant du postulat que ses clients sont «de vrais hommes qui, tels de superhéros au physique de statue, se permettent d'aller au delà des limites de la résistance de tout un chacun», Dirk Bikkembergs et Luca Dolci ont choisi comme emblèmes de leur collection le triathlon, un sport complet, et l'un de ses représentants italiens, Daniel Hofer, venu saluer à la fin du show. Le défilé débute avec 30 hommes vêtus de combinaisons intégrales et de bonnets de natation, blanc des pieds à la tête, qui servent de gardes du corps aux mannequins. Des couleurs là aussi basiques mais qui claquent - du kaki, du jaune, du blanc et du noir - pour des pantalons-joggings version fuseaux de coureurs cyclistes, des débardeurs et des blousons. Et aux manches des vestes de costumes, on accroche son téléphone intelligent, écouteurs aux oreilles, comme si l'on partait courir.
Fendi: Point de sportif ici mais des urbains accros à la musique, dont le casque, dans lequel résonne un remix de Pump up the volume, est devenu un accessoire aussi indispensable que les lunettes de soleil ou le téléphone portable. C'est à partir du concept d'évasion - qu'elle définit comme un «voyage sans mouvement» - que la maison romaine a pensé sa ligne. Couleurs pastel, pantalons en coton ou en chambray, peu de bermudas mais des polos et des pulls légers aux fines rayures.
Bottega Veneta: Couleurs pastel - vert d'eau, bleu lagon, rose pâle, sable, crème - et bermudas, pantalons roulés en boules jusqu'aux genoux, tee-shirts légers et au col très large, chemises qui s'ouvrent généreusement sur la poitrine, matières fluides et légères - soie, coton, viscose, lin -, pulls à même la peau etc... Légèreté et élégance, et surtout une grande décontraction pour des tenues très estivales. Au pied, des tennis confortables et au bras, de larges sacs en cuir de vachette avec en clin d'oeil, le motif «intrecciato», emblème de la maison. Le directeur artistique Thomas Maier, très applaudi, a expliqué avoir voulu «transmettre une idée de liberté, d'athlétisme et de relaxation». Un pari réussi !
Salvatore Ferragamo: Là aussi, les couleurs sont présentes mais de manières plus timide. D'où des teintes plutôt rouge brique, bleu pétrole, vert sapin, ocre. Beaucoup de shorts, en viscose et soie, qui pourraient ressembler à des pyjamas mais qui, associés à des motifs pied-de-poule, cachemire ou à carreaux, les «habillent» au mieux, un bon point à porter au crédit du directeur artistique de la marque, Massimiliano Giornetti. Jambes et pieds sont nus, dans des mi-sandales, mi-mocassins, et les vestes ont les manches courtes ou relevées.
Vivienne Westwood: Ce n'est pas à la grande dame de la mode anglaise qu'on reprocherait d'être trop terne ou de valoriser des tenues trop classiques... Au contraire, si là aussi les pantalons remontent aux genoux, les mannequins portent des piercings au nez et des signes cabalistiques dessinés sur leur visage... ou carrément un faux nez de cochon (la créatrice se bat contre l'élevage intensifs des porcs). Grosses fleurs sur fond noir, caleçons moulants imprimés, chemises col pelle à tarte, larges chapeaux haut de forme en paille... Certes, ça part un peu dans tous les sens mais au moins ça décoiffe!
Missoni: Angela Missoni, l'héritière de la grande maison italienne de maille, poursuit sa quête de l'homme surfeur encore cet été, dans ce qu'elle appelle une ambiance «bohémienne hédoniste». Le mâle Missoni, tous pectoraux dehors, est «curieux et cosmopolite», se laisse porter par le «métissage des cultures, entre la sensibilité européenne et la nature exotique et transcendante du Maghreb». D'où des gilets aux motifs de tapis marocains, des écharpes à rayures horizontales, des teintes tye-and-dye bleu marine et vert émeraude et les couleurs du désert sont reines: sable, ocre, brique etc... Là aussi le short se porte au dessus du genou, décidément une tendance lourde de la prochaine saison.
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Prada: Avec comme décor une piscine, on imaginait la collection dessinée par Miuccia Prada avoir été inspirée par l'ambiance bleu lagon des mers du Sud. Que nenni, c'étaient plutôt les abysses autour desquelles défilaient les mannequins, au son d'une musique flippante et très dark. Et cette noirceur s'est vue dans les vêtements - des costumes noirs aux empiècements blanc, du vert foncé, du bleu jean - mais également dans l'absence totale du moindre bout de peau. Pas un mollet, pas un bras, pas un cou dévoilé! Seuls sont visibles les chevilles et les pieds, au large dans des sandales de piscine revisitées. Pas un bermuda, un tee-shirt ni une chemisette, mais des pulls et des imperméables. Dommage pour une collection qui n'a d'estivale que le nom.
Ermenegildo Zegna : Stefano Pilati a choisi l'architecture, et notamment celle de l'île grecque de Paros, comme source d'inspiration et telles des gratte-ciel, les silhouettes proposées par le designer italien ne sont que finesse et sveltesse, accentuées par des rayures verticales, omniprésentes dans la collection. Conçues comme le moyen d'«illustrer un exercice de style dans lequel la formalité et le temps libre respirent la même allure alanguie propre à l'été», elles sont de tous les costumes. À la taille des pantalons ou au bas des tee-shirts, des vraies/fausses bretelles qui tombent négligemment sur les hanches, comme pour les affiner. Très présent également, le foulard en soie et à motif cachemire, serré autour du cou, qui se fond presque dans le col de la chemise, fermée haut. Des couleurs plutôt sombres, classiques, des coupes droites, pour un homme Zegna à qui le fonctionnel et le pratique importent, où le vêtement «incarne les structures sociales, les logiques du business».
Costume National: un peu plus d'audace chez Costume National, pour qui le créateur Ennio Capasa, toujours très inspiré par le rock et les années 70, a soif d'une «élégance vécue librement». De Mick Jagger à David Bowie, de Lou Reed à Bob Dylan, de John Lennon à Jimmy Hendrix et Keith Richard, l'homme doit se «libérer des schémas et des clichés, surprendre par un chant de liberté». D'où pas mal de cuir ou de peau retournée, des couleurs mates - beaucoup de bleu, du lagon au presque mauve mais également du violine ou du rouge brique - mais aussi du blanc immaculé, des pieds à la tête. Le foulard s'accroche au poignet et la veste, très ouverte, se porte sans rien dessous. Les matières - viscose, crêpe de Chine - donnent aux blousons de bikers, un rien vintage, un charme fou.
Dolce&Gabbana: Ambiance arènes de Las Ventas à Madrid, peñas et castagnettes, boléro et corrida, Domenico Dolce et Stefano Gabbana n'ont pas fait dans la dentelle au cours de ce défilé estival très «olé olé». Les hommes défilent au son du pasodoble portant des vestes de torero et des pantalons arrivant à mi-mollet ornés de broderies noires que ne renieraient pas José Tomas ou Jesulin de Ubrique. Sur de larges blouses en soie aux manches trois quarts, une Virgén de la Macarena ou un toro, et de gros pois, noir sur fond rouge ou vice versa, habillent les costumes trois-pièces.
Les Hommes: Tom Notte et Bart Vandebosch, prônant une «élégance urbaine» au «goût de l'acier» en prenant comme modèles les sculptures de l'artiste américain Richard Serra, misent sur un sportswear qui se voudrait sophistiqué. C'est ainsi que le duo ose la combinaison tellement chic que la cravate est de mise. Palette de couleurs sombres - du bleu pétrole au noir, avec quelques touches jaune poussin -, et matières qui brillent ou qui claquent comme le néoprène. Les bermudas se portent tels des shorts, au-dessus du genou et les mannequins, dont les cheveux sont coiffés en «banane» façon rockabilly, portent des blouses larges, aux manches courtes, coupés à hauteur des poches par des bandes horizontales de couleur.
Versace: Habituellement qualifiée de «bling bling» mais cette fois-ci presque sobre, la collection hyper masculine de Donatella Versace, qui avoue avec gourmandise «qu'elle aime les hommes» - et ça se voit -, a plu, tant par la présence stylée du blanc - blousons, jeans et jusqu'aux maillots de bain - que par l'inspiration romaine: les draps de bain sont portés en toges et les débardeurs faits des filets des rétiaires. Et cette combinaison blazer/pantalon fluide, couleur sable, vue ailleurs mais sublimée ici!
Les collections masculines se poursuivent à Paris, dès mercredi, avec une cinquantaine de défilés pendant cinq jours aux quatre coins de la capitale française.
Puis, pour la première fois, le monde de la mode fera une pause de quelques jours, au lieu d'enchaîner avec la haute couture, du 6 au 10 juillet.
Découvrez quelques-unes des créations présentées à Milan dans la galerie photos ci-dessus.
Par Agence France-Presse
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