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De la sculpture à la mode
Elisa naît sous le soleil de la Côte d'Azur. Pendant des années, elle s'y rêve sculpteur et commence un parcours en arts. « J'avais beaucoup de passions artistiques, que ce soit la sculpture, la photographie ou le design de mode. Comme il fallait que je gagne ma vie, j'ai choisi celle qui me permettrait d'être la plus productive », explique Elisa. Pour parfaire sa technique, Elisa décide d'entrer dans une école de mode. « Je voulais m'inscrire à l'école Saint-Martins à Londres, mais les frais annuels étaient prohibitifs. Puis j'ai ensuite hésité entre le studio Berçot et l'école Esmod à Paris. » Elisa choisira cette dernière pour son enseignement porté sur la technique: « Je ne cherchais pas un endroit où apprendre à devenir artiste, il me semble qu'on l'est ou qu'on ne l'est pas. »
Apprendre à concrétiser ses idées follesJ'avais des idées déjantées et tout ce qui m'intéressait était de savoir comment les réaliser.
Déterminée à intégrer directement la seconde année, Elisa convainc le jury de lui donner sa chance. « J'avais déjà fait des cours de stylisme, et puis de toute façon, je n'avais pas assez d'argent pour trois ans d'études! » rit-elle. Un culot qui la suivra tout au long de ses deux années d'études puisque même au moment de graduer, Elisa se voit mise en garde. « Je ne suis jamais vraiment entrée dans le moule Esmod, se souvient-elle. Ils ont pourtant essayé, mais rien n'y faisait. J'avais des idées déjantées et tout ce qui m'intéressait était de savoir comment les réaliser. » Encore une fois, le jury est séduit par la maîtrise d'Elisa. La jeune designer sort de l'école avec une haute maîtrise de tous les aspects du métier, de la coupe à la couture. Une précision qui fait encore sa force. « Le plus drôle c'est qu'aujourd'hui je fais certes du haut de gamme classique, mais portable! »
Le style intemporel d'Elisa C-Rossow
Le concept de sa griffe, Elisa le conçoit à Paris en s'inspirant des gardes-robes des femmes riches du 19e siècle. À cette époque, les femmes n'avaient que peu de robes mais qu'elles gardaient très longtemps. « Je suis à contrepied de la grande distribution, où les t-shirts pas chers sont lancés en boule sans qu'on ait la moindre notion du design qui se cache derrière. Avec Elisa C-Rossow, je veux créer de belles pièces à garder, des objets à porter », explique la designer. Chaque collection est ainsi conçue comme une garde-robe idéale. Il y a ainsi toujours un manteau noir, une redingote, un tailleur veste/pantalon, une robe cocktail, une jupe crayon par exemple. Soit l'ensemble des pièces que toute femme devrait, selon Elisa, avoir dans sa garde-robe.
Une collection par an par souci de qualitéJe peux passer des heures, voire une semaine, à chercher la coupe parfaite.
Elisa C-Rossow présente une collection par an, généralement en janvier ou en février. L'intemporalité étant à la base même de la griffe, le choix des matériaux n'est pas laissé au hasard. « Les matériaux avec lesquels je travaille se doivent d'être luxueux pour résister au temps. C'est pourquoi je mise davantage sur du coton de soie ou de la gabardine de laine plutôt que du coton ou du jersey, qui ne tiennent pas ». Ce sens de la qualité et de la précision se retrouve dans les finitions des pièces qui trônent au coeur de l'atelier d'Elisa. « Quand j'entends des créateurs dire en conférence que les finitions ne sont pas importantes car les clientes ne s'en aperçoivent de toute façon pas, je suis hors de moi! » Perfectionniste, Elisa se dit bien trop amoureuse du vêtement pour ne pas le respecter. Il en ressort une attention aux détails rare. « Je peux passer des heures, voire une semaine, à chercher la coupe parfaite. Ça doit être dû à mon passé de sculpteur non abouti » rit-elle. « J'ai mis plusieurs années à le comprendre, mais je ne suis pas designer, je fonctionne bien plus comme une artiste ».
Les émotions comme source d'inspiration
Si Elisa C-Rossow renie l'influence de la mode sur son travail, elle revendique l'importance de l'art sous toutes ses formes. « Je suis plus du type à parcourir les vernissages que les événements mode, mais je suis également une grande mangeuse de films. » Ce qu'Elisa recherche avant tout, ce sont les émotions: « J'imagine ce qu'un personnage pourrait porter en fonction de ses émotions et je me mets à rêver un patron. Je peux rester des heures à imaginer une robe dans ma tête, j'en conçois les coutures, me pose toutes les problématiques techniques. Je peux même imaginer le photoshoot, jusqu'au modèle que je souhaiterais et la pose qu'il pourrait prendre! ». Une visualisation qui constitue près de trente pour cent du travail créatif de la designer. « Il me suffit ensuite de la réaliser. C'est ma façon de créer. »
Naissance d'une collection
« Généralement, une nouvelle collection naît d'un ou deux morceaux de l'actuelle collection que je souhaite pousser », explique Elisa. « Elle s'enrichit ensuite de tout ce que j'ai vécu pendant un an ». Pour sa dernière collection, intitulée Bewitched, Elisa est partie de la fameuse série B du même nom. « Cette série B a été la première à adopter la couleur dans les années 60, après trois premières saisons en noir et blanc. Les teintes viraient alors au vert. Cette esthétique m'a nourrie », raconte-t-elle. Mais plus qu'une simple référence à la série, la collection Bewitched se veut une évocation du style de Twiggy, du côté dévergondé, sexy et rock de Brigitte Bardot à l'époque, ou encore de l'attitude et du maquillage propre au film Qui êtes-vous Polly Magoo. « Mes inspirations sortent du coeur! » confie Elisa.
Pour sa prochaine collection, à paraître début 2014, la designer garde encore le secret sinon qu'elle aura un goût de charbon brûlé! À suivre...
Voyez les morceaux de la collection Bewitched dans la galerie au haut de l'article. Suivez-nous sur Facebook, Twitter et Pinterest.
Par Sarah Meublat.
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