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Jeudi, lendemain de l'attentat, des vêtements, des hoodies et même des tasses à café « Je suis Charlie » étaient à vendre en ligne. D'autres se sont tournés vers eBay pour vendre leurs anciens numéros de l'hebdomadaire satirique à des prix frôlant les 14 000$.
Sur le populaire site Etsy, une simple recherche a permis de trouver des t-shirts de toutes les couleurs avec divers imprimés, mais aussi une housse de coussin. Genre, un coussin cool vantant la liberté de presse pour décorer le salon? Sérieux?
Non, ceci n'est pas une blague -- vous n'avez qu'à consulter la galerie photos ci-dessus pour le croire.
Imaginez : les émotions sont à leur comble, les caricaturistes du monde entier pleurent leurs collègues, les citoyens se déplacent par centaines, voire par milliers pour tenir des vigiles à travers le monde... mais en quelque part, quelqu'un a décidé que c'était une bonne idée d'instrumentaliser #JesuisCharlie.
Tu comptes boire ton café au travail dans une tasse #JesuisCharlie? #T'asriencomprisdutout.
« Je suis Charlie » n'est pas la nouvelle tendance du printemps 2015. Ce sont trois mots qui donnent envie de hurler parce que des gens sont morts en raison de leurs dessins.
Qui se bat vraiment au quotidien pour la liberté de la presse?
Côté liberté de presse, la véritable tendance est plutôt aux pantoufles molles que l'on enfile. On ne veut pas choquer, on s'autocensure, on a peur. Alors on sort sa carte de crédit pour penser à autre chose et retrouver le confort de nos pantoufles.
Qu'en penseraient Charb, Wolinski , Tignous et Cabu, du haut de leur nuage?
Loin de moi l'idée de mettre des mots dans la bouche des morts, mais il faut admettre que cette frénésie commerciale ridicule ferait une belle caricature : des badauds qui appellent à l'unisson tout en se magasinant un t-shirt made in Bangladesh. C'est de soutenir une vision de la société commune tout en ne pensant qu'à soi et à ses biens matériels.
eBay avait eu la décence de publier un communiqué après les tragiques événements entourant le marathon de Boston afin de stopper la vente d'objets « souvenir ». Le site avait alors interdit « les annonces qui mettent en scène, glorifient ou tentent de tirer profit des tragédies ».
L'heure est au recueillement pour les défenseurs de la liberté de presse et de la démocratie. Si la récupération politique peut attendre, cela vaut d'autant plus pour la récupération commerciale du meurtre de 12 individus.
Par Catherine Lévesque.
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