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Une rencontre déterminante
Il était beau, «le sosie de George Harrisson des Beatles, avec ses cheveux très longs qui lui tombaient sur le front», se souvient Francine.
Lui, c'est l'homme qu'elle a rencontré au début de l'année 1964. Il étudiait la haute-couture à l'École des métiers commerciaux, sur la rue Saint-Denis.
Leur idylle n'a pas duré plus de six mois, et pourtant c'est avec cette histoire d'amour que l'aventure de Francine dans le milieu de la mode a commencé.
«Tout devenait maille»
À l'époque, Francine Vandelac étudiait l'art décoratif. C'est à l'occasion du party de fin d'année de l'école de haute-couture de son amoureux qu'elle découvre l'univers de la mode. La robe qu'elle portait pour cette soirée-là fut même moulée sur elle.
«J'étais fascinée», se souvient-elle. C'est alors le déclic qui la poussera à entreprendre des études dans ce domaine.
Mais au grand désespoir de ses professeurs, Francine Vandelac voue quasiment un culte au tricot.
«Je voulais tout tricoter et tout devenait maille. Je voulais utiliser les techniques qui existaient depuis très longtemps et les réinventer pour offrir quelque chose de plus moderne», se souvient-elle. Il n'en faudra pas plus à ses professeurs pour la pousser à prendre son envol loin du cercle académique.
Les mailles, un symbole d'épanouissement féminin
C'est là que tout commence pour Francine. Après avoir vendu ses mailles dans une petite boutique du Vieux-Port de Montréal, le succès ne se fait pas attendre.
Très vite, ses mailles se retrouvent dans les plus grands magazines de mode canadiens et américains. On s'arrache ses créations.
Si jusque-là le tricot était une activité exercée par nécessité, les mailles, leurs trous qui laissent entrevoir des parties du corps, deviennent un symbole de rébellion, et d'épanouissement.
«Dans les années 60 au Québec, on sortait d'une période sombre. On laissait aller les curés derrière nous. C'était la Révolution tranquille, la révolution sexuelle. On laissait aller notre côté un peu fou», explique Mme Vandelac. Un côté fou qui se traduisait également dans le look des jeunes femmes.
Décolletés vertigineux, jupes courtes, on joue sur les transparences. La femme prend son indépendance et le port des mailles illustre parfaitement l'affirmation de cette liberté et de cette maîtrise de son corps.
«J'ai fait éclater le tricot. Avant on ne tenait pas compte de ses propriétés, de son élasticité. Le tricot est sexy et épouse les formes du corps», indique Mme Vandelac qui ose tout elle aussi.
Après avoir tricoté le coton et la laine, elle s'attaque même à la fourrure et en sortira une collection dans les années 80. Mais aussi au métal. Elle atteint le pic de sa carrière au milieu des années 70 avant de s'éloigner petit à petit du milieu de la mode.
«J'en avais ras-le-bol du côté glamour. Pour réussir dans ce milieu-là, il faut être vu». C'est le destin encore une fois qui s'en mêlera pour Mme Vandelac. Elle met un frein à sa carrière après la perte d'un de ses fils qui n'aura vécu que 36 jours.
Aujourd'hui Francine Vandelac se concentre sur son autre carrière, celle d'artiste peintre. Mais elle reste une modeuse dans l'âme.
«Même sur mes tableaux il y a du textile», décrit-elle.
Découvrez quelques-unes des créations de Francine Vandelac dans la galerie photos ci-dessus.
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Par Katia Tobar
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