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Un heureux accident de vie
Thierry-Maxime Loriot naît à Québec dans une famille pour qui la mode et le show-business ne veulent pas dire grand-chose. Et pourtant, quand Thierry-Maxime se fait repérer par une journaliste mode de La Presse, l'idée reste dans un coin de sa tête. Quelques années plus tard, Thierry-Maxime s'installe à Montréal pour étudier en architecture. En cherchant un emploi étudiant, il se remémore alors la rencontre, contacte la journaliste et frappe à la porte d'une première agence. Le refus est clinquant. Mais encouragé par la journaliste, il retente sa chance auprès d'une seconde agence. Bingo ! La semaine de la mode parisienne commence dans une semaine et l'agence Montage est en recherche de mannequins. Des clichés Polaroïd sont immédiatement faxés à Paris. La réponse ne se fait pas attendre : le jeune Québécois doit prendre un avion dès le lendemain pour Paris. Un photographe important veut le rencontrer. Ce photographe, ce sera Mario Testino que Thierry-Maxime ne connaît absolument pas. Séduit par sa candeur et sa nonchalance sympathique, le célèbre photographe le booke pour le lendemain sur un photoshoot à Londres pour Burberry, avec Kate Moss. Le début d'une longue carrière d'envergure, survenue par le plus heureux des hasards.
Conjuguer Art et Mode
« Travailler avec Mario Testino m'a ouvert les portes très rapidement », confie Thierry-Maxime Loriot à son auditoire. Alors que la tendance est aux mannequins musclés et bronzés, le Québécois séduit par ses airs de jeune anglais romantique. Peter Lindbergh, véritable icône de la photographie de mode, réputé pour ne travailler que très rarement avec les hommes, le demande expressément. « Je n'ai jamais compris ce qui les intéressait chez moi », admet-il humblement. « Mais j'ai décidé d'arrêter de me poser des questions et d'aborder mon métier comme un enrichissement : en découvrant la façon de travailler des photographes ou l'histoire d'une maison. Ou en profitant de mes nombreux voyages pour visiter les galeries d'art et les expositions ». C'est donc par la mode que le mannequin rencontre l'art.
Un deuxième heureux hasard
Une fois sa carrière de mannequin un peu plus calme, il décide de s'inscrire à l'Université de Montréal en Histoire de l'art. Là encore, par un heureux hasard, il rencontre à un dîner Hilliard T.Goldfarb, commissaire au Musée des Beaux Arts de Montréal. Il lui raconte son parcours et se voit proposer un poste d'assistant de recherche au MBAM. L'expérience durera deux semaines, durant lesquelles l'apprenti commissaire aura fait ses preuves. Assez pour que Nathalie Bondil, directrice du musée, le rappelle deux mois plus tard pour l'aider à préparer l'exposition sur John Lennon et Yoko Ono. Et lui confier, enfin, la création de l'exposition sur Jean-Paul Gaultier, qui connaît aujourd'hui un succès mondial.
Thierry-Maxime Loriot et Jean-Paul Gaultier
Si l'exposition consacrée à Jean-Paul Gaultier est dévoilée au public en 2011 pour la première fois à Montréal, il aura fallu deux ans pour la mettre en place. « Contrairement aux grandes maisons de couture comme Louis Vuitton, Jean-Paul Gaultier n'avait pas de livres ni d'archives autres que ses vêtements. Il a fallu tout créer ». Condition sinequanone pour que le couturier français accepte, l'exposition se doit d'être vivante et sortir des sentiers battus. « Monsieur Gaultier ne voulait pas d'une rétrospective, ce qu'il aurait vécu comme des funérailles ». Redoublant d'inventivité, l'équipe travaille main dans la main avec l'enfant terrible de la mode et mise sur une scénographie interactive et multimédia. Thierry-Maxime convainc les photographes de mode à tirer leurs clichés - habituellement réservés au papier glacé des magazines.
La créativité québécoise sous les projecteurs
Désireux de faire rayonner le talent québécois, Thierry-Maxime demande aux agences montréalaises UBU et Paprika de collaborer. La première pour animer grâce aux technologies visuelles les mannequins, eux-mêmes moulés sur de véritables modèles québécois et prônant la diversité corporelle. La seconde pour réaliser le design graphique du livre de l'exposition, vendu aujourd'hui à des milliers d'exemplaires. Également invités à exposer leurs clichés ou à collaborer à l'événement, les photographes Québécois Nelson Simoneau, Max Abadian et Nicolas Ruel sont mis à l'honneur. « Le Québec est riche de talents, il faut le montrer », insiste Thierry-Maxime. Pari réussi puisque, grâce aux médias sociaux et à une stratégie de communication adaptée à chaque ville visitée, l'exposition continue de bénéficier d'une couverture sans précédent. Ainsi, rien qu'à Londres, près de 46 000 photos auront alimenté le fil Instagram de l'exposition.
Après Montréal, Dallas, Madrid, Rotterdam, Stockholm, San Francisco, New York et Londres, l'exposition La planète mode de Jean Paul Gaultier. De la rue aux étoiles arrivera cet automne en Australie, et ce printemps à Paris, sous la somptueuse verrière du Grand Palais.
Par Sarah Meublat de notre réseau d'expertes.
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